“
Univers d’eau, d’air et de lumières... sillonné de chemins fantaisistes et inconsistants. Lignes qui se répondent. Tracés de sable qui rejoignent l’errement des nuages, voies d’eau qui cerclent et poursuivent des traits des nuées... L’étang, changeante soie grise, moire réséda, clapotis de l’étang en contre temps avec la clameur baveuse de la mer.
Respiration marine... un point noir, mon âme en peine qui pêche, infatigable, la merveille nutritive ou l’anneau d’or.
”
En 1949, Richarme campe au pied de l’institut Saint-Pierre. Par tous les temps et à toute heure, elle note inlassablement les jeux de couleurs entre le ciel et l’eau. Une mine qu’elle traduira beaucoup plus tard, à plus de 80 ans, dans de magistrales marines à l’huile.
Armée de son “bataclan”, Richarme part seule ou avec des amis sur le long cordon dunaire qui s’étire jusqu’à Sète. Maguelone, sa cathédrale et sa légende lui inspirent textes et poèmes. En 1954, du haut de la terrasse de l’institut elle peut envisager le vaste panorama de mer et d’étangs limité au loin par les monts de la Gardiole. Plusieurs huiles en naîtront.
Au clair de la lune
Je suis le musicien ambulant, au clair du jour, au clair de la nuit
Par les monts, les rives et les chemins de vie
J’ai enfanté les mots, les chansons et les rythmes divers.
J’ai fait des enfants de chair, au clair de la lune, au clair du soir
Ma main gauche a écrit en lettres noires des chants désespérés
Mes pieds ont marché, marché, marché vers toi
Dans ma tête balancée au vent résonne inlassablement le grelot de mes tourments
Et le Regret en cercles indéfinis crisse à jamais dans mon cœur endolori
Une voix a caressé des notes alanguies
Entre la mer étincelante et l’étang morose, j’ai marché dans les sables.
De secousses en secousses, les cuivres sonnaient, la flûte s’égrenait et le violon
grinçait, l’accordéon en plissements sonores, repliaient mes doutes dans son enveloppe aux balancements indéfinis
Comme la mer enveloppe en son balancier, oscillante
J’ai marché vers Maguelone, l’inaccessible
J’ai fait des enfants de chair
Et un grelot éternellement dans ma tête
J’ai marché, marché, marché
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